Pierre-Toussaint Gaffory et Joseph Colombani n’ont pas eu à passer la nuit dans le hall de la préfecture de région. Une lettre du ministre a mis fin à l’occupation des lieux aux alentours de 23h.
Pierre-Toussaint Gaffory et Joseph Colombani n’ont pas eu à passer la nuit dans le hall de la préfecture de région. Une lettre du ministre a mis fin à l’occupation des lieux aux alentours de 23h.
Les professionnels insulaires ont obtenu gain de cause. Après l’occupation de la préfecture de région jusqu’à 23 h, mercredi soir, le ministre a répondu à leurs attentes sur divers points. Éclairage
L’État a battu des records en terme de réactivité. Les huit représentants des chambres agricoles insulaires, prêts à camper dans le hall, sont ressortis du palais Lantivy, papier en main, mercredi soir. Une lettre signée par Stéphane Le Foll et envoyée par mail dans la soirée au préfet leur a été remise. Celle-ci a mis fin à l’occupation de la préfecture par les agriculteurs.
Une action qui avait débuté à 16 h. Dans cette missive nocturne, le ministre de l’Agriculture répond point par point aux revendications portées par les agriculteurs, notamment au sujet des dotations. La Corse accuse un retard en matière d’aides, le ministre s’est engagé à réduire les écarts avec la nouvelle politique d’agriculture commune (PAC) définie en ce moment même. Cette dernière concerne la période 2014-2020.
Rattraper un retard
Les mesures adoptées en Corse dans la prochaine PAC apportent une réponse à divers problèmes. Le premier aspect porte sur la dotation par agriculteur et par hectare. « Nous sommes les moins bien lotis de France et ce depuis 21 ans, rappelle Joseph Colombani, le président de la chambre régionale d’agriculture.La moyenne nationale est de 244 euros par hectare, or en Corse nous sommes à une centaine d’euros… L’État prévoyait dans la prochaine PAC de nous faire évoluer progressivement de 30 % à 70 % de la moyenne nationale d’ici 2019. Nous allons passer immédiatement à 70 % en 2015 », poursuit le représentant. « Objectif : s’aligner sur la moyenne nationale le plus rapidement possible, des négociations sont à venir pour atteindre les 100 %, mais c’est déjà une bonne chose »,a-t-il ajouté. Un autre point abordé dans la lettre du ministre concerne l’éligibilité des parcours arborés aux aides de l’État. « L’année dernière en Haute-Corse, sur 124 contrôles, 60 agriculteurs s’étaient vus déclassés car les parcelles de maquis n’étaient pas comptabilisées, elles le seront désormais », se réjouit le président de la chambre régionale.
Viser l’autonomie fourragère
Autre problème auquel la lettre ministérielle apporte une solution : l’approvisionnement en fourrage. « Chaque année, les éleveurs corses achètent 12 000 tonnes de foin de la Crau, cela représente 2,4 millions d’euros »,précise Joseph Colombani. Dans son courrier, le ministre annonce « le soutien à des productions de protéines comme la luzerne ». De telles aides visent à rendre la Corse autonome en la matière.
Aussi l’État a semble-t-il répondu positivement aux différentes requêtes émises par les agriculteurs. « Nous ne demandons pas à être privilégiés mais simplement à ce qu’un rééquilibrage s’effectue vis-à-vis des autres régions », explique Pierre-Toussaint Gaffory, président du CDJA de Corse-du-Sud. « Nous sommes dans la difficulté alors que nous sommes la région française avec le plus de labels de qualité. »
Un dernier point positif a été abordé par le ministre dans sa lettre. L’enveloppe allouée à la CTC pour les indemnités compensatoires des handicaps naturels (ICHN), mais aussi pour la modernisation des exploitations se verra augmentée. Elle va passer de 93 à 145 millions d’euros pour la période 2014-2020. Les chambres d’agriculture s’engagent dès le mois de janvier à fournir à chaque éleveur une simulation des aides auxquelles il peut prétendre.
Lors de sa venue, le 6 octobre dernier, François Hollande s’était alors dit favorable à une enveloppe spécifique à la Corse. Après quelques rebondissements, la promesse est maintenant actée. Bien que satisfaits des avancées obtenues, les agriculteurs sont conscients des problèmes persistants, tel que celui du foncier. « Il faut structurer notre agriculture,affirme Joseph Colombani,les politiques ont aussi leur rôle à jouer. »Du côté des agriculteurs, hier, un sentiment de mission accomplie.